Page de la French Connection.
Compte rendu de Jean-Michel Planche sur ce déjeuner sur son blog; de Eric Dupin (Press-Citron), de Versac sur Slate.Fr, de Maître Eolas dans l'Expansion et LePost.Fr.
Pour une fois, je n'ai pas pu m'exprimer pendant cette interviewer, ni poser de questions. Nous en avons parlé hors-antenne après l'émission, et voici peu ou prou mes propos.
Je ne suis pas d'accord du tout avec Jean-Michel Planche pour une fois. Il nous dit "qui était présent était clé, ce qu'on a dit ne l'était pas". Mon avis naïf est que:
1) dans un agenda surchargé, un Président de la République reçoit qui il veut, quand il veut, et s'il décide de recevoir des experts d'une industrie quelconque, c'est son rôle et son droit; que les invités acceptent l'invitation est normal (là Planche dit bien "c'est irresponsable de ne pas participer à un débat" et je suis d'accord)
2) qu'un déjeuner de deux heures ait lieu ne mérite pas autant de tapage médiatique
3) les invités représentaient eux-mêmes en particulier et personne d'autre, en pris ensembles, ils étaient un échantillon d'une industrie; faisant moi-même partie de cette industrie je ne me sens ni représenté ni non-représenté. Je trouve juste bien que des gens de notre industrie rencontrent le chef de l'exécutif.
Donc, les participants pour moi n'importent pas, ils sont (presque) interchangeables, sauf qu'il y avait au moins deux entrepreneurs français hors-pair.
Ce qui m'intéresse plus est le fond :
1) pourquoi cette rencontre a-t-elle eu lieu ? Est-ce que Nicolas Sarkozy s'intéresse enfin au numérique et veut faire quelque chose sur le sujet, ou est-ce juste une opération de communication dont il a le secret ?
2) encore une fois, est-ce normal que l'Elysée gère tous les dossiers, alors que sous la cinquième République c'est le 1er ministre et ses collègues les ministres qui devraient gérer ce type de dossiers? Nous avons bien un Ministre qui a la tutelle de l'économie numérique (Eric Besson), qui n'était pas d'ailleurs à ce déjeuner.
3) quels sont les mesures qui seront prises concrètement? non pas à l'issue de ce déjeuner, mais concernant notre économie numérique (Magescas a raison : le syndicat des ensemenceurs de taureaux qui regroupe 1000 professionnels est aussi reçu à l'Elysée; donc pourquoi pas nous ?) - à suivre
4) enfin, le Président a-t'il pris la mesure de notre économie numérique (qui comparée à d'autres comme la grande distribution, ou le nucléraire est quand même un acteur minuscule); nous comme d'autres industries créons de l'emploi, de la compétitivité (Planche a raison quand il dit que nous exportons à ce titre le savoir-faire français). La seule vraie différence à mon sens est que l'économie numérique est une des seules à pouvoir générer à très grande vitesse de la création de valeur. Iliad après 10 ans ne vaut que 4,5 milliards en bourse, pour un CA de 2 milliards environ. Hors en 2-4 ans, des groupes tels que Groupon (6 milliards de USD), Twitter (3.7 milliards de USD), Facebook (près de 50 milliards de USD de valorisation) peuvent voir le jour ailleurs.
Pour moi, le débat se résume donc à deux points :
1) le Présiden (l'exécutif de la France) a pris conscience ou non de l'importance et du potentiel de l'économie numérique pour créer de la valeur ?
2) quelles sont les vraies mesures qu'il met en place (l'infrastrucure juridique, fiscale, sociale, économique) pour favoriser un écosystème, un vivier pour générer des entreprises telles que Free? car à elle seule, Free est tout petit et nous n'en avons qu'un seul... comment faisons-nous pour en avoir des 10aines... ?